La Fete de Paques Dans l’ Eglise Orthodoxe
20 Απριλίου 2014
Métropolite Stephanos de Tallinn
Ce qui caractérise l’Eglise orthodoxe dans sa manière d’être tout comme dans toutes ses expressions, c’est la certitude de l’irruption victorieuse de la vie éternelle dans le monde, qui s’accomplit dans la résurrection du Christ. L’Eglise orthodoxe confesse et proclame avec force que la vie s’est manifestée dans le Christ véritablement Dieu devenu véritablement Homme et qu’elle est communiquée dans sa mort et dans sa résurrection. Si le Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul dans la 1ère lettre aux Corinthiens ( 15,17-20 ), alors toute notre prédication est vaine et votre foi est vaine.
De fait, si le Christ n’est pas ressuscité, la mort aura toujours le dernier mot. Mais si le Christ est ressuscité alors tous les évènements de l’existence humaine sont métamorphosés. Pâques n’est pas uniquement, comme aimerait bien le prétendre notre société sécularisée, la commémoration d’un simple souvenir extérieur sans autre signification spirituelle. Le mystère pascal c’est tout autre chose . Il ne peut se comprendre que comme l’accomplissement total et définitif de l’Alliance, promise déjà dans le livre de la Genèse, par laquelle Dieu devient pour les hommes totalement leur et les hommes deviennent pour lui totalement siens. Il ne s’agit là ni d’un contrat juridique entre Dieu et l’homme ni même d’un idéal moral. C’est, d’abord et plus que tout, une réalité mystérieuse et spirituelle par laquelle toute l’humanité est arrachée à la mort et redonnée au Père céleste. Pour cette raison, l’événement de Pâques ne peut en aucun cas être saisi en dehors de la foi en Christ, sous la conduite permanente de l’Esprit Saint.
Cette empreinte pascale qui marque si profondément les chrétiens orthodoxes est beaucoup moins le produit d’une mentalité particulière ou d’un caractère ethnique que l’expression d’une âme commune forgée avant tout par les célébrations du rite byzantin, lesquelles donnent notamment aux célébrations pascales une importance et une splendeur inégalée. L’expérience liturgique intérieure ainsi acquise, qui dépasse de loin une simple émotion subjective, communique la certitude intime de la victoire du Christ et fait participer chacun, d’une manière personnelle, à sa propre vision des mystères de Dieu. A travers le vécu liturgique des célébrations de la Semaine Sainte le fidèle orthodoxe reçoit la conviction que la mort est absorbée par la vie et que le sens ultime de toutes choses lui est révélé dans la lumière glorieuse qui jaillit du visage de Jésus ressuscité. Pâques, c’est la certitude que Dieu a créé le monde pour la résurrection, pour que tous les êtres participent à sa joie et soient illuminés de sa splendeur. C’est à juste titre donc que les chrétiens orthodoxes se plaisent à définir Pâques comme la fête des fêtes.
Croire véritablement en Christ et adhérer de tout son être à lui, c’est affirmer que le fondement sur lequel Dieu a établi toutes choses est bien la puissance cachée de la Résurrection ; dessein merveilleusement fidèle, qui révèle le don de Vie depuis son jaillissement originel jusqu’à son accomplissement par la Croix de Jésus ; dessein pleinement réussi aussi, une fois pour toutes, dans cette humanité assumée par le Fils de Dieu incarné sur la terre et qui a pour but final la communion de chaque être à la vie même de la Sainte Trinité.
C’est pourquoi, l’événement du mystère pascal ne peut se vivre que dans l’Eglise car il restera à jamais, en son sein, l’avènement de l’amour vainqueur de la mort.
Pâques 2003.
+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.