La sociologue turque Kelek: “La religion freine l’intégration”
1 Αυγούστου 2010
La sociologue d’origine turque Nicla Kelek fustige l’aspect clanique de l’Islam.
Vous êtes sociologue d’origine turque et faites partie de ces femmes musulmanes qui, comme Ayaan Hirsi Ali aux Pays-Bas, sont très critiques vis-à-vis des représentants de l’Islam. Que leur reprochez-vous ?
J’ai décidé de m’opposer aux arguments de ceux qui propagent une idéologie opposée aux valeurs européennes. Il suffit de considérer les mosquées, dominées par les hommes. On y défend un modèle de société fondé sur l’inégalité. La culture de l’Islam repose sur la solidarité du clan, du collectif et de la famille alors que nous vivons dans un Etat de droit qui protège avant tout les individus. Cela crée des conflits permanents. Celui qui n’entre pas dans le moule, refuse d’obéir, est considéré comme traître à Allah. Crimes d’honneur, lapidation et charia sont légitimés par le Coran.
N’existe-t-il pas pourtant des lectures plus libérales du Coran ?
Mais celles-ci ne parviennent pas à s’imposer. Je me demande ce que tous ces sages ont appris depuis des siècles La violence contre les femmes est un consensus dans tous les pays musulmans, où elles sont considérées comme des objets de désir dangereux et non comme des êtres humains. Les imams soutiennent des traditions iniques, par exemple dans l’est de la Turquie. Ca n’est pas mieux en Indonésie, en Afrique.
Mais en quoi les jeunes issus de l’immigration sont-ils, en Allemagne, concernés par cela ?
Ça n’est pas un hasard si les immigrés ont du mal à trouver leur place dans une société fondée sur la liberté individuelle. Ils ne coupent pas les ponts avec leur pays d’origine et importent leurs traditions, vivent entre eux dans des espaces cloisonnés. Les structures se reproduisent parce que l’Islam, justement, enseigne l’imitation plus que la curiosité. Les jeunes doivent obéir à leurs parents. Leur socialisation consiste en un apprentissage de l’humilité permanente. Celui qui veut s’en sortir doit s’arracher de son milieu familial. Cela ne peut que favoriser la violence. Par ailleurs, la radicalisation de l’Islam dans le monde a eu des effets chez nous par un autre biais : les flux financiers qui servent à construire les mosquées ou former les imams. On ne peut pas séparer la question de l’intégration de la religion. Il faut aider les individus à retrouver leur autonomie.
Qui doit se charger de cette tâche ?
Chaque citoyen. Vous et moi.
Et le politique ? Quel est le rôle de l’Etat ?
La conférence sur l’Islam engagée par le gouvernement allemand en 2006 avec les organisations musulmanes a échoué – mais de façon positive ! Les pouvoirs publics ont compris que ces fonctionnaires de l’Islam ne cherchaient qu’à défendre leurs intérêts en réclamant une place identique à celle des églises chrétiennes. Le débat en Allemagne est en tous les cas plus ouvert qu’auparavant aux voix critiques. Il n’est pas normal de distribuer l’argent public à des mosquées qui sont censées organiser des cours d’intégration mais plaident en fait pour la séparation des hommes et des femmes, dans un esprit de fermeture.
De telles positions sont aussi celles des droites extrêmes dans plusieurs pays d’Europe…
Si les partis modérés ne se saisissent pas de ces questions, alors elles laissent le champ libre aux radicaux pour s’emparer des peurs des gens. Le vote sur l’interdiction des minarets en Suisse a été le résultat d’une angoisse – celle d’une majorité qui a peur pour la démocratie ou les droits des femmes. Nous devons mener un débat honnête sur ces sujets pour éviter, précisément, de nouveaux succès de l’extrême droite dans toute Europe.
Que pensez-vous des initiatives belges et françaises pour interdire le port de la burqa ?
Je les trouve formidables ! Un petit pays comme la Belgique ose dire non à la soumission que représente le voile intégral. Même si une seule femme était concernée, il faudrait la protéger de cette déshumanisation.
Vous qualifieriez-vous de féministe musulmane ?
Parfaitement. J’ai souvent du mal à imposer mes vues, notamment auprès de mes compatriotes, qui se croient les gardiens d’une cause nationale turque. Mais nous progressons. Nous devons prendre les choses en main nous-mêmes.(lalibre.be, Claire-Lise Buis, 31 juillet 2010)