Tout repose sur Dieu!
15 Ιουνίου 2010
L’Ancien Cleopa (Ilie) (10 Avril 1912 – 2 Décembre 1998) fut un très célèbre moine et représentant de l’Église Orthodoxe de Roumanie, et un archimandrite et higoumène du monastère de Sihastria. L’Ancien Cleopa rappellera plus tard ses débuts nostalgiques :
“Ces années où j’étais le berger avec mes frères pour les moutons des sketes, j’avais une grande joie spirituelle. Le troupeau, les moutons – je vivais dans la quiétude et la solitude sur la montagne, au milieu de la nature; c’était mon école monastique et théologique.
C’est alors que j’ai lu les Dogmatiques de saint Jean Damascène et son Exposition précise de la Foi Orthodoxe. Quel temps précieux pour moi! Quand la saison devenait chaude, on amenait les agnelles d’un an et les béliers dans le Pré aux Cerisiers, qui était couvert d’une herbe verte et entouré de buissons. Ils ne s’en échappaient pas. Restez ici! leur disais-je, et moi pendant ce temps, je lisais les Dogmatiques.
Quand je lisais quelque chose à propos de la Très Sainte Trinité, les distinctions entre les anges, les hommes et Dieu, à propos des qualités de la Très Sainte Trinité, ou quand je lisais à propos du Paradis et de l’enfer – les dogmes à propos desquels saint Jean Damascène a écrit – j’en oubliais de manger ce jour-là.
Il y avait une vieille hutte dans laquelle je me reposais, et quelqu’un du skete venait là m’y apporter de la nourriture. Et quand je rentrais à la hutte au soir, je me demandais ‘ai-je mangé quelque chose aujourd’hui?’ Tout au long du jour, j’avais été occupé avec la lecture. Quand j’étais avec les moutons et le bétail, je lisais aussi saint Macaire d’Égypte, saint Macaire d’Alexandrie, et les vies des Saints, qui étaient dans mon sac à dos depuis que j’étais arrivé au monastère. Je lisais et le jour passait comme s’il n’avait duré qu’une heure.
J’empruntais ces livres des bibliothèques des monastères de Neamts et Secu, et je les emportais dans mon sac à dos à la montagne. Après avoir accompli ma règle de prière, je prenais ces livres des saints Pères et je les lisais auprès des moutons, jusqu’au soir. Et il me semblait que c’était comme si je voyais les saints Antoines, Macaire le Grand, Jean Chrysostome, et les autres; comme s’ils me parlaient. Comme si je voyais saint Antoine le Grand avec sa longue barbe blanche et que dans une apparence radieuse il me parlait de sorte que ce qu’il m’avait dit reste imprimé dans mon esprit, comme lorsqu’on écrit avec son doigt dans la cire. Je n’oublierai jamais rien de ce que j’y avais lu.
“
Dans cette université de service et de silence, le p. Cleopa a lu une centaine d’ouvrages théologiques et autres, commençant par le théologique, moral, liturgique et hagiographique, et terminant par les oeuvres patristiques des grands saints de notre Église, sans oublier bien entendu, l’Horologion et le Psautier. Son livre bien-aimé était cependant la sainte Écriture. En plus de l’Écriture, le p. Cleopa aimait les vies des Saints, les apophtegmes des Pères du désert, l’Échelle sainte de saint Jean Climaque, les oeuvres ascétiques des saints Isaac et Eprhem de Syrie, de même que les écrits des saints Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas, Syméon le Nouveau Théologien et d’autres.
Il fut doué d’un profond respect et de beaucoup de zèle pour la compréhension divine et pénétrante des mystères divins, et possédant une puissante mémoire, en peu de temps, le p. Cleopa se révéla avec son auto-formation comme étant inégalable parmi les moines du monachisme roumain. En plus de ces dons de Dieu, il reçu la capacité d’enseigner et la force de l’éloquence. Dans la beauté du dialecte ecclésiastique moldave, avec la diction un peu archaïque d’un ancien, et à l’aide de la prédication de la sainte Écriture, de textes patristiques choisis, et de récits moraux instructifs de toute sorte, il présentait la Vérité au peuple de Dieu.
En 1942, le p. Cleopa, bien que n’étant encore que simple moine, assuma temporairement la direction de Sihastria à la place de l’higoumène vieillissant, le hiéromoine Ioannicius Moroi, qui était cloué au lit par la maladie. En janvier 1945, il fut ordonné diacre, puis prêtre, et nommé higoumène de Sihastria, servant dans cette charge comme berger des âmes pendant 4 ans. Au cours de cette courte période, l’Ancien rassembla autour de lui 80 moines et novices, fit construire dans l’enceinte du monastère de nouvelles cellules pour les moines, ériger une chapelle d’hiver, restaura le monastère dans son statut cénobitique originel, l’organisa selon l’ordre traditionnel de la vie monastique hésychaste, éleva d’important pères spirituels et accomplit de nombreux voyages missionnaires pour le salut des fidèles.
En 1947, les soviétiques occupèrent la Roumanie, forçant le roi Michel à abdiquer, et une dictature communiste suivit immédiatement. Des monastères furent fermés, d’innombrables hiérarques, prêtres, moines, moniales, et fidèles laïcs Orthodoxes furent emprisonnés, torturés et assassinés.
Jusqu’alors, Sihastria était restée intacte grâce à son isolement loin dans les montagnes des Carpathes. Et bien que le p. Cleopa n’avait que 36 ans, il avait déjà acquis une renommée nationale comme guide spirituel de la Foi Chrétienne. A présent qu’il venait d’être rejoint par le père spirituel de son enfance, l’Ancien Paisius Olaru, et qu’il avait le soutien du p. Joel Gheorgiu, Sihastria devenait vite le centre spirituel de l’Orthodoxie pour la Roumanie, et dès lors, une menace pour le gouvernement communiste. Par la grâce qui coulait à flot de la bouche éloquente du p. Cleopa, la Foi vivante était communiquée à ceux qui avaient des oreilles pour entendre. Le gouvernement chercha comment endiguer le flot de Foi en empêchant le p. Cleopa de parler.
En mai 1948, lors de la fête des saints Constantin et Hélène, le père Cleopa prononça une homélie dans laquelle il dit “Daigne Dieu accorder que nos propres dirigeants puissent devenir tels ces saints empereur et impératrice le furent, afin que l’Église puisse aussi les commémorer au long des siècles.” Le lendemain, la police d’état le jeta en prison, le plaçant dans une cellule sans lit, sans pain ni eau pendant 5 jours. Après avoir été relâché le p. Cleopa, suivant un bon conseil, parti se cacher dans les montagnes de Sihastria, où il vécu dans une cellule quasiment sous-terraine. Là l’ancien priait nuit et jour, demandant l’aide de Dieu et de la Théotokos.
C’est à cette époque que l’ancien fut visité par la grâce de Dieu de la manière suivante. Le p. Cleopa raconta à ses disciples que lorsqu’il était occupé à construire son abri, les oiseaux venaient et s’asseyaient sur sa tête. La première fois qu’il célébra la Liturgie sur une souche d’arbre en face de son abri, alors qu’il communiait aux divins Mystères, un groupe d’oiseaux arriva et se rassembla, d’une manière qu’il n’avait jamais vue. Alors qu’il les regardait avec étonnement, il remarqua que tous portaient le signe de la Croix sur leur tête.
Une autre fois, après la préparation pour la Liturgie et la lecture de toutes les prières, il posa l’Antimension sur 3 souches et commença la Liturgie par l’exclamation “Béni est le Royaume du Père, et du Fils et du Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles!” A nouveau, les oiseaux parurent, et se posant sur les branches de l’arbres, ils commencèrent à chanter magnifiquement. Le p. Cleopa se demanda “que signifie cela?” Et une voix surgie de nulle part lui susurra “Ce sont tes chantres dans le kliros.” Ces signes et d’autres encore encouragèrent beaucoup l’ancien pendant son temps d’exil.
L’été de 1949, le p. Cleopa partit pour le monastère de Slatina avec 30 moines vertueux et expérimentés, dans l’intention d’y renouveler la vie spirituelle. Son interaction avec les pieux Chrétiens vivant dans les régions du nord de la Moldavie accrurent son expérience pastorale et son activité missionnaire, et lui donnèrent l’opportunité de travailler avec un grand zèle pour le bien de l’Évangile du Christ. Ce sont en particulier sa prédication, ses conseils personnels, sa direction spirituelle, sa compassion et son amour qui répandirent sa renommé dans le pays. C’est par tout cela et d’autres luttes pour le salut des hommes en Christ que le père Cleopa devint le plus célèbre et le plus respecté des higoumènes des monastères de Roumanie, et un père spirituel possédant une autorité spirituelle hors pair. Villageois et intellectuel, moine et laïc, jeune et vieux, sain et malade, évêque et prêtre – tout le monde trouvait en père Cleopa un véritable père spirituel. Le p.Cleopa était le modèle de vie pour tous, prêt à apporter à n’importe qui ce qu’il pouvait, à conseiller, à donner la paix, et à guider tout le monde vers le Christ, avec une conviction et une autorité étonnantes.
A cette époque, le métropolite de Moldavie demanda au p. Cleopa d’assumer la direction spirituelle de la plupart des monastères de la région: Putna, Moldovita, Riska, Sihastria, et les sketes de Sihla et Rareau, sur base de l’exemple établi à Slatina.
En 1952, p. Cleopa fut brièvement arrêté pour la 2ème fois par la police secrète. Ayant été à nouveau relâché, lui et un frère moine voyagèrent à nouveau vers les montagnes de Moldavie, y restant jusqu’à ce que la situation se normalise. Là dans les montagnes, l’ancien combattit les démons, vivant au milieu des bêtes sauvages, et priant nuit et jour, recevant confession et communion de son frère moine engagé dans la même lutte.
En 1953, il renonça à son higouménat. En 1956, après avoir aidé à la réorganisation du monastère de Poutna et des sketes de Raraeu et Gaie, le p. Cleopa retourna à Sihastria, le monastère de sa bien-aimée repentance. Là il continua son activité spirituelle dans la prière, approfondissant les écrits des saints Pères, et oeuvrant pour la direction et le progrès spirituel de ses nombreux disciples.
De 1959 à 1964, l’Église de Roumanie souffrit d’une terrible persécution du régime communiste, les monastères vivant leurs jours les plus sombres du 20ème siècle. En 1959, le gouvernement décréta que tous les moines de moins de 55 ans et toutes les moniales de moins de 50 ans devaient quitter les monastères. Au printemps 1960, la police d’état avait expulsé plus de 4000 moines des monastères roumains. A nouveau, le p. Cleopa fut forcé à l’exil dans les montagnes de Moldavie, où il passait plus de 12 heures par jour en prière. C’est durant ce temps d’exil que l’ancien rédigea nombre de ses célèbres guides pour la vie spirituelle des prêtres et des moines. En 1964, la persécution communiste diminua, et l’Église recommença à bénéficier d’une certaine liberté.
L’été de 1964, à la grande joie de tous les moines de Sihastria, le p. Cleopa revint du désert des montagnes et son silence, et en quelques jours, le monastère fut rempli de pèlerins cherchant ses conseils et sa direction. C’est ainsi que reprit l’oeuvre missionnaire apostolique de l’ancien Cleopa, offrant aux âmes qui en bénéficiaient des paroles d’instruction pour les fidèles, et confessant et dirigeant les pieux.
Le premier devoir que le p. Cleopa demandait aux fidèles, c’était la préservation zélée de la Foi Orthodoxe, à savoir tous les dogmes et mystères de la sainte Église Orthodoxe, car sans vraie Foi, même si toutes les bonnes oeuvres possible étaient accomplies, nul ne serait sauvé.
Ensuite, l’Ancien donnait une grande importance à la confession des péchés, exhortant les fidèles à se confesser au moins 4 fois par an. Il leur enseignait : “Frères, quand vous voyez que votre père ou votre mère est malade, n’appelez pas d’abord le médecin mais d’abord le prêtre, car le médecin ne saurait pas rajouter une seule minute à notre vie. Et s’il pouvait rallonger notre vie, il ne le ferait pas de lui-même. Tout repose sur Dieu!”
L’Ancien recommandait généralement que l’on lise l’Hymne Acathiste à la Mère de Dieu avec les prières matinales de l’Église, le Canon de Supplique à la Théotokos au soir devant son lit avec une veilleuse allumée, et le restant de la journée, la Prière de Jésus, autant que possible. Cependant, plus que tous, l’Ancien priait pour l’Église, les fidèles, ceux qui avaient chuté dans de grands péchés, ceux qui subissaient des épreuves et tragédies de la vie. Les prières de l’Ancien apportèrent des résultats miraculeux : des maladies furent guéries, et des malades quittèrent l’hôpital en grande forme, des examens médicaux apportaient soudain des résultats positifs inattendus, et en règle générale, par les prières de l’Ancien, les bénédictions de Dieu étaient répandues partout.
Le p. Cleopa ne se lassa jamais d’encourager les fidèles à faire l’aumône et à être miséricordieux envers autrui. Il leur disait en confession : “Ne repoussez jamais quelqu’un sans faire preuve de miséricorde. Si vous n’avez pas d’argent à lui donner, alors donnez des patates, du pain, un mouchoir, donnez quelque chose, même si c’est pas grand chose. Si vous donnez quelque chose, cela ne vous semblera pas difficile de donner plus encore la fois suivante, car vos aumônes et votre miséricorde montent vers Dieu à la vitesse de l’éclair. Pourquoi? Deux grandes vertus sont combinées : l’aumône et l’humilité.”
Le premier devoir qu’il demandait de remplir aux familles Chrétiennes, c’était d’avoir des enfants et de les élever. Suivant les Saints Canons de l’Église, le p. Cleopa condamnait sans réserve l’avortement d’enfants et la mise à mort d’embryons, un des plus grands péchés que puisse commettre un Chrétien.
En 1965, exhorté par ses disciples et avec la bénédiction de nombre de hiérarques, le p. Cleopa commença à écrire des homélies, des enseignements, et des épîtres bonnes pour les âmes tant des moines que des laïcs. En particulier, connaissant bien la vie de communauté du peuple roumain, les malheurs du clergé, et peut-être plus que tout, le prosélytisme fanatique de groupes hétérodoxes présents en Roumanie depuis 30 ans, le p. Cleopa écrivit nombre d’ouvrages apologétiques pour soutenir la Foi Orthodoxe et pour repousser ces faux enseignements. Les plus importants de ces ouvrages comptent parmi eux son “Discours sur les visions et les rêves,” comportant 7 discussions traitant du problème des rêves et visions, et la question “Sur la fréquente sainte Communion”, et “Hérésiologie,” un ouvrage magistral comportant 33 dialogues couvrant un large spectre d’enseignements anti-dogmatiques et anti-orthodoxes professés par les hétérodoxes et par certains fidèles mal instruits. Cet ouvrage fut achevé en 1981 sous le titre “A propos de la Foi Orthodoxe.” D’autres ouvrages du type de formation morale : “Homélies pour les fêtes” (1976), comportant 36 homélies pour les grandes fêtes de l’année; “Homélies pour les moines,” ouvrage imposant comportant 48 sermons de type philocaliques; “Homélies pour les dimanches et fêtes de l’année,” lui aussi volumineux; et “Homélies pour les laïcs.”
Cela et d’autres activités constituèrent la grande oeuvre missionnaire spirituelle que l’Ancien Cleopa accomplit de l’automne 1964 jusqu’au 2 décembre 1998, lorsqu’il rendit son âme entre les mains de Dieu. Au cours de nombre de ces années, l’Ancien partagea sa journée en 3 périodes de 8 heures. Pendant la première, la nuit, il se reposait un peu et priait. Pendant la période suivante, il lisait les saints Pères et écrivait, et durant la 3ème, il se mettait au service de ses disciples et pèlerins qui venaient à lui jusque de très loin, pour confession et instruction. Afin de pouvoir prier et écrire sans être dérangé, chaque matin il quittait sa cellule proche du monastère, à 5 minutes de là, et partait pour une située à 20 minutes de là, plus au nord. Il y restait seul toute la journée durant, couchant ses expériences sur papier, et dans l’après-midi, il revenait à la proche cellule pour recevoir les fidèles et confesser les moines.
Comme tout vénérable serviteur du Christ, le p. Cleopa était avant tout un homme de prière. Enfant, le jeune Constantin priait souvent avec des livres et apprit nombre de prières par coeur, et les répétait continuellement. Devenu jeune, il développa un grand amour pour la lecture du Psautier, qu’il répétait quotidiennement. Il connaissait aussi par coeur l’Acathiste au Sauveur, l’Acathiste à la Mère de Dieu, le Canon de Repentance au Sauveur, et la Paraclesis à la Mère de Dieu, qu’il disait quotidiennement. En même temps, il accomplissait quelques 3 à 400 métanies et inclinaisons par jour.
C’est sous l’influence de ses frères plus âgés, Basil et George, à l’esprit ascétique, qu’il commença à se forcer à s’habituer à la Prière du Coeur, dans laquelle les 2 aînés étaient devenus avancés bien qu’encore jeunes en âge.
Comme higoumène du monastère de Sihastria, étant très occupé pendant les heures du jour, le p. Cleopa priait beaucoup plus la nuit. Il dormait 2 heures avant les Matines, et encore 2 heures de plus après cet Office, après quoi il récitait toute sa règle de prière de la journée, ce qui lui prenait 3 heures. Pendant les 10 années qu’il vécu au désert durant ses 3 exils, il consacra d’innombrables heures à la Prière du Coeur. Même l’ongle du doigt qu’il utilisait pour égrener son chapelet était déformé du fait d’une vie à pratiquer cette prière-là.
Le p. Cleopa parlait à ses disciples de la pure Prière du Coeur comme s’il parlait de l’expérience de quelqu’un d’autre : “J’ai rencontré quelqu’un qui avait connu la faim, la soif, le froid, la nudité dans les bois, et il m’a raconté comment il avait passé une nuit dans la maison d’un pieux Chrétien. Le samedi soir, il avait accompli sa règle de prière. Dans la maison d’un voisin, il y avait un mariage, avec de la musique. L’habitué du désert, étant en prière, avait devant lui une Icône de la Mère de Dieu. Se levant et méditant, il pensa à une parole de saint Jean Climaque qui dit “quelqu’un a dit que des chants peuvent amener celui qui est avancé spirituellement à une contemplation plus exaltée. Ainsi, entendant la musique du mariage, il se dit en lui-même : ‘si ces personnes savent comment chanter si joliment, comment dès lors les Anges dans le Ciel doivent-ils chanter, eux qui élèvent la louange à la Mère de Dieu?’ De ce sentiment, son esprit descendit dans son coeur, et il restant dans cette prière 2 heures durant, ressentant bien de la douceur et de la chaleur. Des larmes lui venaient continuellement, son coeur était enflammé et il ressentait le Christ – comment Il conversait avec son âme. Un tel parfum du Saint Esprit vint à lui, et il ressentit une telle chaleur spirituelle, qu’il dit en lui-même, ‘O Seigneur, je voudrais mourir à l’instant!’
Après 2 heures, son esprit quitta son coeur, et il lui resta une douce tristesse, une joie, une consolation, et une incroyable chaleur spirituelle, qui durèrent tout un mois. Le ciel dans son coeur ne pu plus jamais être enlevé par quelque chose de ce monde, car les larmes qui coulent en de tels moments de prière, venant du Saint Esprit, lavent et purifient de toute souillure, de toute imagination pécheresse, et l’âme reste pure.”
Le p. Cleopa disait de la Prière du Coeur : “Quand l’esprit descend dans le coeur, alors le coeur s’ouvre, puis il se referme. C’est à dire que le coeur absorbe Jésus, et Jésus absorbe notre coeur. C’est à ce moment-là que l’Époux, le Christ, rencontre l’épouse, c’est à dire notre âme!”
Pour la plus grande partie de sa vie, Dieu béni l’Ancien Cleopa d’une bonne santé. Lorsqu’il arriva à ses 70 ans, l’Ancien commença cependant à se sentir fatigué, épuisé. Les années passées dans les montagnes de même que ses épreuves sous les communistes l’avaient marqué. De 1985 à sa mort en 1998, l’Ancien souffrit de maladies telles qu’une double hernie, des pierres aux reins, une main droite spasmodique, un kyste à enlever, et d’autres maladies. Toutes ces épreuves et maladies gardèrent l’Ancien alerte, prêt à la venue de la dernière heure de sa vie, toujours plongé dans la prière incessante, et pensant au Christ.
Les 20 dernières années de sa vie, l’Ancien les a passées dans une prière accrue et concentrée : de 14 à 15 heures par jour. Il avait des absences mystiques quand il ne voulait parler à personne, pas même à son assistant de cellule. De 4 heures du matin jusque 8h, l’Ancien priait sa règle du matin; après cela il confessait moines et laïcs jusque 16h, puis il entamait sa règle de prière vespérale, qui consistait en Canon de Repentance, Canons à la Theotokos, Canon de Supplique, Petite Complie et d’autres Offices. Pour la nuit, les pères préparaient la véranda, où l’Ancien allait se tenir à prier seul, effrayé et émerveillé devant les majestueuses oeuvres du Créateur, qu’il aimait tant – les moutons et toute la Création de Dieu – jusqu’au milieu de la nuit, quand il allait prendre un peu de repos avant de recommencer.
Les derniers mois de sa vie, on pouvait régulièrement entendre l’Ancien dire : “C’est maintenant que je m’en vais, frères! Et laissez-moi partir, mes frères! Et je vais rejoindre le Christ! Priez pour moi, le pécheur.”
La veille du départ de l’Ancien pour la vie à venir, il commença à lire sa règle du matin, lorsque son disciple lui dit : ‘Geronda, nous sommes déjà au soir à présent. Ces prières devraient être lues demain matin.’ L’Ancien lui répondit : ‘Je les lis maintenant parce que demain matin, je vais rejoindre mes frères.‘ Le matin du 2 décembre 1998, vers 02h20, l’Ancien Cleopa quitta pour l’éternité et son Christ.
Au cours des 3 jours qui suivirent et jusqu’aux funérailles, des milliers de fidèles convergèrent vers Sihastria, afin d’être auprès de leur Ancien une dernière fois dans cette vie-ci. Les funérailles furent vécues par d’innombrables fidèles, les larmes aux yeux à voir leur Ancien les quitter, et aussi vibrants de la joie de la Résurrection, avec l’hymne Pascale “Le Christ est ressuscité” sur toutes les lèvres. Une grande période monastique et hésychaste s’acheva pour l’Église de Roumanie avec le départ de l’Ancien Cleopa vers le lieu où reposent les justes. Une page d’or insérée dans l’histoire de l’Église Orthodoxe de Roumanie, avec ses commencement et fin dans le monastère hésychaste de Sihastria, en Moldavie.
Extrait de “La vérité de notre Foi: un discours sur la sainte Écriture et les enseignements du véritable Christianisme,” par l’Ancien Cleopa de Roumanie [From The Truth of Our Faith: A Discourse from Holy Scripture on the Teachings of True Christianity, by Elder Cleopa of Romania (Greece: Uncut Mountain Press, 2000).] Ce prologue a été compilé de 2 sources différentes : “The Life and Struggles of Elder Cleopa: Romanian Hesychast and Teacher” et “Spiritual Dialogues with Romanian Fathers,” tous deux écrits par l’archimandrite Ioanichie Balan en traduction grecque. Certains extraits ont aussi été tirés d’un livre à paraître chez St. Herman Brotherhood, “Shepherd of Souls, Elder Cleopa the New Hesychast of Romania,” aussi écrit par le p. Ioanichie Balan.