Άγ. Παΐσιος Αγιορείτης

L’OECUMÉNISME ET LA TRADITION SELON L’ANCIEN PAÏSSIOS L’ATHONITE

2 Ιουνίου 2010

L’OECUMÉNISME ET LA TRADITION SELON L’ANCIEN PAÏSSIOS L’ATHONITE

Respect pour la Tradition

Nombre de saints martyrs, quand ils étaient peu familiers avec un dogme, disaient ceci: “j’ai confiance en tout ce que les saints Pères ont institué.” Si quelqu’un osait dire cela, il allait subir le martyre. En d’autres termes, bien qu’ils ne savaient pas comment présenter la moindre preuve à leurs persécuteurs, ils avaient cependant confiance dans les saints Pères. Ils devaient penser en eux-mêmes : “Comment pourrais-je ne pas avoir confiance aux saints Pères? Ils étaient bien plus expérimentés que moi, et vertueux, et saints. Comment pourrais-je être d’accord avec quelque chose qui n’a pas de sens? Comment pourrais-je tolérer que quelqu’un se moque des saints Pères?” Nous devons faire confiance à la Tradition. De nos jours, hélas, nous remarquons que “les bonnes manières européennes” sont là, et elles s’efforcent de présenter une face agréable. Elles essaient d’être supérieures, mais pour finir, elles mènent à adorer le Démon cornu. “Il ne doit exister qu’une seule religion” vous disent-ils, et ils écrasent tout.

J’ai aussi eu des gens qui sont venus me voir, qui suggéraient : “Nous tous qui croyons en Christ nous devrions former une seule religion.”

Je leur ai dit : Ce que vous me dites-là, c’est prendre de l’or et du cuivre – de l’or de la plus haute qualité – qu’il a été très difficile d’obtenir aussi pur, et ensuite, mettre les métaux ensemble et les faire fondre en une seule masse. Est-ce bien de les remélanger? Demandez-le à n’importe quel orfèvre : “devrions-nous mélanger des éléments inférieurs à de l’or?”

Hé bien, c’est le même problème avec le filtrage du dogme. Les saints Pères devaient savoir ce qu’ils faisaient, quand ils ont interdit toute association avec un hérétique. De nos jours, on entend dire : “nous devrions prier tous ensemble – non seulement avec un hérétique, mais aussi avec un bouddhiste et un adorateur du feu et un adorateur du démon. Les Orthodoxes devraient aussi participer à ces prières communes et rassemblements. C’est une question de présence.”

Que veulent-ils dire par “présence”? Ils s’efforcent de tout résoudre par la logique, afin de justifier l’injustifiable. Cet “esprit européen” est convaincu que le domaine spirituel peut aussi faire partie du Marché Commun.

Certains d’entre les Orthodoxes assez superficiels veulent projeter une “oeuvre missionnaire”, de sorte qu’ils puissent se réunir avec des hétérodoxes afin de pouvoir être entendus, et ils pensent que c’est ça la manière de promouvoir l’Orthodoxie – en se mêlant dans le même pot que les cacodoxies. Ensuite, nous avons les hyper-zélotes à l’autre extrémité: ils blasphèment même les Sacrements des néo-Calendristes, etc, et ils scandalisent à l’extrême ces âmes qui sont pieuses et ont une sensibilité Orthodoxe.
D’un autre côté, les hétérodoxes participent habituellement aux rencontres, ils s’y posent comme des “je-sais-tout”, ils prennent pour eux tout bon matériel spirituel qu’ils peuvent trouver chez les Orthodoxes, ils les emmènent dans leur propre atelier, ils y rajoutent leurs couleurs et y apposent leur nom, et ils présentent ça comme quelque chose d’original.

Le monde étrange dans lequel nous vivons actuellement est soumis à de telles étranges choses, et il est finalement détruit spirituellement. Mais – quand sera venu le temps – le Seigneur suscitera de nouveaux Marc d’Ephèse et de nouveaux Grégoire Palamas, qui rassembleront tous nos frères scandalisés, qui confesseront la Foi Orthodoxe, consolideront la Tradition Orthodoxe, et apporteront une grande joie à notre Mère l’Église.

Si nous vivions selon la voie patristique, nous tous nous pourrions bénéficier d’une richesse spirituelle qui ferait envie à tous les hétérodoxes; cela les ferait abandonner leurs erreurs et maladies spirituelles, et les amènerait au Salut, sans besoin du moindre sermon. A présent, ils ne sont pas du tout touchés par notre sainte Tradition patristique, parce qu’ils attendent de voir la continuité de notre patristique – notre véritable parenté avec nos saints.

Ce qui est obligatoire pour tout Orthodoxe, c’est de semer la “bienveillante angoisse” aussi chez les hétérodoxes; en d’autres termes, de les amener à réaliser qu’ils ont vécu dans l’erreur, et qu’ils ne devraient pas s’en remettre à la légère à leurs pensées, de peur de se priver d’eux-mêmes dans cette vie-ci des abondantes bénédictions de l’Orthodoxie, et dans la vie à venir, des infiniment plus abondantes et éternelles bénédictions de Dieu.

Un jour, quelques enfants catholiques-romains m’ont rendu visite, ils étaient bien intentionnés, et ils étaient désireux d’en apprendre sur l’Orthodoxie. “Nous aimerions que vous nous disiez quelque chose, de sorte que nous soyons spirituellement aidés,” me dirent-ils.

“Hé bien voyez,” ai-je répondu, “cherchez un livre sur l’Histoire de l’Église, et vous verrez comment autrefois nous étions unis, et voyons où vous avez été blessés. Ceci vous aidera immensément. Faites-le, et la prochaine fois, nous parlerons de beaucoup d’autres choses.”

Dans les temps plus anciens, les gens avaient l’habitude de respecter quelque chose parce que ça leur venait de leur grand-père, et ils en prenaient soin comme un héritage familial. J’ai un jour rencontré un très grand avocat. Sa maison était très sobrement équipée, et non seulement il s’en portait bien, mais cela mettait aussi les visiteurs à l’aise. Il y a quelque temps, il me raconta ceci :

“Il y a quelques années, père, mes connaissances se moquaient de moi à cause de tous les vieux objets de famille que je conservais. A présent, ils viennent et les admirent comme antiquités. Tandis que moi j’en fais un usage quotidien et que j’en suis heureux parce qu’ils me rappellent mon père, ma mère, mes grands-parents, et que j’en suis toujours ému, ces connaissances vont à présent un peu partout pour acheter et collectionner de vieux bibelots, au points qu’ils ont transformé leurs salons en échoppes de curiosités, dans une tentative d’enlever les problèmes de leurs esprits et d’oublier leur stress séculier.”

Dans le passé, quelqu’un aurait conservé une petite pièce de monnaie totalement sans valeur comme si elle valait une immense fortune, uniquement parce qu’elle avait été donnée par sa maman ou son grand-père. De nos jours, si quelqu’un a une pièce de valeur – une pièce en or par exemple – qui lui a été donnée par son grand-père, et que la valeur de la pièce est ne fut-ce qu’un rien supérieure à sa valeur originale, il ira la revendre. Il n’en aura aucun respect, ni ne se souciera de mère ou père. C’est ça, “l’esprit européen”, qui rentre insidieusement et nous balaie tous…

Je me souviens de ma première visite à la sainte Montagne de l’Athos – dans une des communautés, l’Ancien était un vieil homme, petit, et très pieux. Par piété, il avait préservé de génération en génération non seulement les étoles de ses grands-pères (spirituels), ses prédécesseurs, mais même les patrons qu’ils avaient utilisés pour réaliser les étoles. Il avait aussi plusieurs très vieux livres et divers manuscrits qu’il préservait, magnifiquement enveloppés dans sa valise, qui était soigneusement fermée de sorte qu’ils ne ramassent pas la poussière. Il ne touchait jamais ces livres; il les préservait enveloppés. “Je ne suis pas digne de lire de tels livres,” disait-il. “Je lis seulement des livres plus faciles – les Vies des Pères, le Gouvernail [Droit Canon], etc.”

Ensuite vint un jeune moine (qui pour finir ne resta pas sur la Montagne), et il demanda à l’ancien : “pourquoi gardez-vous tous ces vieux détritus ici?” Il s’avança pour enlever les patrons de couture et s’en débarrasser – en les brûlant. Le pauvre vieillard le supplia, en larmes : “ça vient de mon grand-père – qu’est-ce que ça peut te faire si je veux les conserver? Il y a encore bien d’autres pièces ici – laisse tout ça dans un coin.” Par sa piété, non seulement il tenait aux livres, aux objets et bibelots, aux étoles, mais même aux patrons de couture!

Quand existe le respect pour les petites choses, il y aura un respect encore plus grand pour les plus grandes choses. Quand il n’y a pas de respect pour les petites choses, il n’y en aura pas non plus pour les plus grandes choses. C’est ainsi que les saints Pères ont préservé la Tradition.