La Pentecôte a eu lieu pour nous.!
23 Μαΐου 2010
A la Pentecôte, nous avons l’accomplissement final de la mission de Jésus-Christ et l’inauguration de l’âge messianique du Royaume de Dieu – mystiquement présent en ce monde dans l’Église du Messie. De ce fait, le 50ème jour est comme le début d’une nouvelle ère qui est au delà des limites de ce monde, cinquante étant un nombre qui, dans la mystique Juive et Chrétienne, représente l’accomplissement éternel et céleste, 7 fois 7 plus 1.
C’est la raison pour laquelle la Pentecôte est dite “apocalyptique”, elle est le jour de la révélation finale. Elle est aussi appelée jour apocalyptique, ce qui signifie le jour de la fin parfaite et ultime, “eschaton”, en grec. C’est en effet quand vient le Messie et que le Jour du Seigneur approche qu’alors les “derniers jours” sont inaugurés, au sujet desquels Dieu affirme : “Je répandrai Mon Esprit sur toute chair.” C’est à cette antique prophétie que se réfère l’Apôtre Pierre lors du premier sermon de l’Église Chrétienne, qui fut prêché le premier dimanche de Pentecôte (Actes 2,17; Joël 2,28-32).
A nouveau, il est nécessaire de faire remarquer que la fête de la Pentecôte n’est pas simplement la commémoration d’un événement historique survenu il y a des siècles d’ici. C’est la célébration de ce qui doit nous arriver et nous arrive en effet dans l’Église aujourd’hui. Morts et ressuscités avec le Messie-Roi par le baptême, nous avons tous reçu Son très Saint Esprit. Nous sommes les “temples du Saint Esprit.” L’Esprit de Dieu demeure en nous (Romains 8,1; 1 Corinthiens 2-3, 12; 1 Corinthiens 3; Galates 5; Ephésiens 2-3). Par notre appartenance personnelle à l’Église, nous avons reçu “le sceau du don de l’Esprit Saint” dans le Sacrement de Chrismation. La Pentecôte a eu lieu pour nous.
Durant la Divine Liturgie de la Pentecôte, le verset de l’Épître aux Galates (3,27) vient remplacer le Trisagion; il est là pour nous rappeler notre baptême en Christ. Des versets spécifiques des Psaumes remplacent aussi les antiennes psalmiques habituelles de la Liturgie. Les lectures de l’Épître et de l’Évangile évoquent la venue de l’Esprit sur les hommes. Le kondakion chante le renversement de Babel, au moment où Dieu unit les nations dans l’unité de Son Esprit. Le tropaire proclame le rassemblement de l’univers tout entier dans le filet de Dieu par l’oeuvre unificatrice des Apôtres, inspirés par l’Esprit. Les hymnes “Roi Céleste” et “Nous avons vu la Vraie Lumière” sont à nouveau chantées, et ce pour la première fois depuis Pâques, appelant le Saint Esprit à venir et demeurer en nous, et proclamant que “nous avons reçu l’Esprit céleste.” L’église est ornée de fleurs afin de montrer que le divin souffle de Dieu vient en tant qu’Esprit Donateur de Vie pour renouveler toute la Création. En hébreu, il n’y a qu’un seul et même mot pour désigner à la fois l’Esprit, le souffle et le vent, “ruah” [idem en grec: “pneuma”; ndt].
“Tu es béni, ô Christ notre Dieu, Toi qui as rempli de sagesse les pêcheurs du lac en leur envoyant l’Esprit Saint. Par eux Tu as pris au filet l’univers. Gloire à Toi, ô ami de l’homme!” (Tropaire)
“Quand le Très Haut descendit confondre les langues, Il dispersa les nations, mais quand Il partagea les langues de feu, Il appela tous les êtres à l’unité. D’une même voix, nous glorifions le Saint Esprit!” (Kondakion)
Les grandes Vêpres du Lundi de Pentecôte, célébrées donc le dimanche soir, comportent 3 longues prières au cours desquelles les fidèles prient à genoux pour la première fois depuis Pâques. Dans l’Église Orthodoxe, ce lundi de Pentecôte est la fête du Saint Esprit, et le dimanche après la Pentecôte, c’est la fête de la Toussaint [calendrier byzantin; ndt]. Il y a là une progression liturgique logique, puisque la descente du Saint Esprit trouve son aboutissement dans la sanctification des fidèles, et c’est le but ultime de la Création et de la Rédemption de l’univers : “Ainsi parle le Seigneur : vous êtes sanctifiés et vous êtes devenus saints, car Je Suis Saint, Moi Qui suis votre Dieu” (Lévitique 11,44-45; 1 Pierre 1,15-16).
Protopresbytre Thomas Hopko, OCA, “The Orthodox Faith“, Vol. 2, pp. 113-7