L’Ancien Éphrem de Katounakia (6/12/1912 – 27/2/1998) – (10) Paroles sur le sacerdoce
7 Μαΐου 2010
Quand tu célèbres, prends en considération le fait que tu es un médiateur. Que tu reçois du monde souffrance, larmes, maladies, supplications pour les faire monter jusqu’au trône de la divinité. De là tu rapportes au monde la consolation, la guérison, ce dont chacun a besoin. De quelle grande dignité Dieu ne t’a pas jugé digne, mon enfant ! Cultive-la. L’oreille de Dieu est proche de la bouche du Prêtre. Qu’elle est grande la puissance de l’étole ! L’étole, c’est la réconciliation de l’homme déchu avec son Créateur. Encore…
Pourquoi Papa-Planas († 1932) fut-il sanctifié ? Parce qu’il faisait mémoire de listes entières de noms, il en faisait mémoire. Pour ma part, je me suis souvenu de quelques noms et je les ai écrits dans le sanctuaire, pour que le Prêtre en fasse mention. Voici qu’en rêve, je vis quelques vieillards d’autrefois venir portant les habits de jadis, comme je l’ai entendu dire de ma grand-mère paternelle. Ils me dirent : « Toi, mon enfant, tu nous as enregistrés, mais l’Ancien Nicéphore ne fait pas mention de nous. »
« Révérend Père, pourquoi ne commémores-tu pas ces noms ? », demandai-je au Père Nicéphore.
« Je ne les vois pas bien », dit-il.
Dès lors, j’acquis un grand zèle pour faire mémoire tant et plus des noms. Voici en quoi consiste la plus grande action charitable : unir l’homme à Dieu. C’est la plus grande charité que l’on puisse faire. Oui mon enfant, plus tu mentionnes de noms, plus ta récompense est grande.
Un hiéromoine : « Révérend Père, on peut essayer de se préparer le mieux possible pour célébrer, mais on constate que l’ennemi ne chôme pas, c’est- à-dire qu’il suscite des pensées souvent honteuses, blasphématoires, sordides. Alors que faut-il faire, comment les affronter ? »
Père Éphrem : « Écoute bien, nous ne sommes que des hommes, pas des anges. Qu’il suscite des pensées honteuses, des pensées d’orgueil, des pensées de critique, n’importe quoi. Nous, nous les combattrons. »
Un jour, le voisin est venu ici et, dans la conversation, nous en sommes venus à blâmer quelqu’un. Je suis allé ensuite célébrer la Liturgie, et voilà que je ne pouvais pas dire les prières. Je me suis demandé alors ce que j’avais fait, et je me suis rendu compte que nous avions critiqué des Évêques. En célébrant la Liturgie j’ai prié ainsi : « Mon Dieu, pardonne-moi. Pardonne-moi, mon Dieu. J’ai fauté, mon Dieu. Suis-je digne de la prière d’absolution ? » Finalement, j’ai retrouvé la sérénité et je me suis dit : « Eh bien, si tu le veux, une autre fois, recommence donc à critiquer quelqu’un ! »
La médisance, c’est quelque chose de grave, c’est un grand mal. Eh, en tant qu’hommes nous tombons, mon enfant. Mais quoi ? La confession aussi est un sacrement, mon enfant.
Source : Textes arrangés, condensés ou complétés, extraits de l’ouvrage : « L’Ancien Éphrem de Katounakia » du Père Joseph de Katounakia, traduit par Yvan Koenig, dans la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » dirigée par Jean-C1aude Larchet, Éditions L’Homme, Lausanne 2002