L’Ancien Éphrem de Katounakia (6/12/1912 – 27/2/1998) – (5) Paroles sur la prière
2 Μαΐου 2010
La plus belle prière, c’est celle que tu conçois sur l’instant. Ce n’est pas suffisant, si nous voulons, disons, communier le lendemain, de lire la veille au soir les prières avant la communion. Voici ce que nous lisons : « Mes lèvres sont souillées, mon cœur impur… », sans comprendre ce que nous lisons. Il faut que toi-même tu trouves une prière, toi-même : alors tu comprends ce que tu dis à Dieu. Cela acquiert une grande puissance, pour ainsi dire, une grande force ! Encore…
Supposons que nous allons communier demain. Le Paraclet viendra sanctifier les Saints Dons substantiellement. Comment vas-tu L’accueillir ? « Dans Ta miséricorde, dans Ta compassion, par-donne-moi, je suis un homme, pardonne-moi. » Cette prière est puissante parce que, lorsque tu la dis, tu la comprends ; elle jaillit du fond de ton âme, pour ainsi dire. Car souvent, lorsque nous lisons, nous avons l’esprit ailleurs ; mais la prière qui sort du fond de toi-même, tu comprends ce qu’elle signifie.
Saint Jean Chrysostome dit que l’homme qui, par nécessité, ne peut se rendre à l’église, peut devenir lui-même un autel grâce à la prière. Les gens dans le monde sont parfois des techniciens qui n’ont pas la possibilité de se rendre à l’église ni le samedi, ni le dimanche, car ils sont de service. Ils peuvent à ce moment-là faire de leur âme un autel en disant la Prière de Jésus.
La prière, c’est le miroir du moine. Veux-tu devenir un très bon moine ? Ne délaisse pas la Prière. Ta prière est selon ta mesure.
Un moine disait la Prière aux toilettes. Voici que le diable lui apparut et lui dit : « Mon gars, tu dis une sale prière. » Mais le moine de lui rétorquer : « Ecoute, apostat de la grandeur divine, l’évacuation du corps va vers le bas, celui de l’âme vers le haut, et il n’y a aucun mélange. »
Dans la cabane au-dessus de la nôtre habitait un moine qui, par permission de Dieu, était possédé. Ce moine me disait : « Le diable se trouve tout au fond de l’église, dans le narthex. » Je lui disais : « Tu le vois ? » « Je le vois, répondait-il. Quand je dis la Prière, le diable s’agite ; si je continue à la dire, il se met à trembler ; à la troisième fois, il devient invisible ! »
La plupart des gens qui viennent à Katounakia me demandent de leur dire une parole. Je leur dis ceci : consacrez au moins une demi-heure sur les vingt-quatre de la journée à la Prière, de préférence autour de dix heures du soir. Dites alors la Prière de Jésus sans tenir de chapelet. D’une façon suppliante, pressante, plaintive, ainsi : « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi. » Débranche le téléphone, achève tout ton travail, et dis la Prière, pas plus d’une demi-heure. Et alors tu verras, c’est comme si tu plantais un arbre qui, demain ou après-demain, portera du fruit. Même saint Jean Chrysostome ou saint Basile le Grand ont commencé par là. D’arbustes, ils sont devenus les flambeaux de l’univers.
Source : Textes arrangés, condensés ou complétés, extraits de l’ouvrage : « L’Ancien Éphrem de Katounakia » du Père Joseph de Katounakia, traduit par Yvan Koenig, dans la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » dirigée par Jean-C1aude Larchet, Éditions L’Âge d’Homme, Lausanne 2002