Mieux organiser ou faire patience ? – (6) Les caractères sont divers
25 Απριλίου 2010
[Sr. M. :] Oui, mais comment discerner quel travail est le plus important ? Par exemple, samedi prochain nous aurons l’« Open day », la « Journée portes ouvertes », nous serons tous occupés avec cela : on est donc libre de soucis, on sait ce qu’il faut faire, c’est magnifique. Mais d’autres fois, on a en même temps le jardin, la bibliothèque, etc ; que faut-il abandonner ou négliger ? C’est une question, – comment dire ? – de priorités, extrêmement pratique.
[Père Sophrony :] Mais voilà, Sr. M., c’est partout comme ça. Encore…
[Sr. M. :] Oui, je sais, je ne suis pas la seule…
[Père Sophrony :] Nous n’avons pas les moyens d’éviter cette situation. On évite les conflits par la patience. On tâche de supporter toutes choses pour obtenir de la part de Dieu le pardon de nos péchés. Comme ça, on vit psychologiquement comme un martyr, sans conflits extérieurs, mais les conflits intérieurs dépendent de la finesse de la structure spirituelle de chacun.
Vous savez que lorsqu’il me fallut quitter ma grotte, située sur le territoire du Monastère Saint-Paul au Mont-Athos, parce que j’y avais vécu trois hivers pratiquement dans l’eau qui coulait de partout, j’ai demandé au Père Paul, qui était récemment ici, de rassembler mes affaires. Et, que fait-il ? Il prend un sac et y met pêle-mêle des objets de fer, de la vaisselle et même une tasse de porcelaine que j’avais [il rit]. Je lui dis : « Ne faites pas de ce sac un « monastère cénobitique » où sont entassés en vrac de grands objets de métal avec des verres et des tasses de porcelaine. »
Saint Pacôme, qui avait été un militaire, avait organisé son monastère en 24 maisons, autant que les lettres de l’alphabet grec, et tâchait de regrouper dans chacune d’elles les Pères ayant le même caractère. Les gens les plus difficiles étaient logés dans la maison portant la lettre « KSI » [il rit], c’était comme ça. Nous ne sommes pas si nombreux ici… Nous ne pouvons pas construire des maisons, sinon il nous en faudrait presqu’autant qu’il y a de frères et de sœurs. Oui, c’est dur, mais il n’y a pas d’autre voie que la patience, cette forme de martyre…
Vous êtes peut-être plus sensible que les autres ; les autres, elles ont aussi, chacune dans sa propre mesure, leurs difficultés mais elles font patience. Je pense, Sr. M., que ma réponse « C’est votre martyre » est juste.
[Sr. M. :] Oui, merci beaucoup.