Vie de Joseph l’Hésychaste (8): Alléluia!
6 Απριλίου 2010
Une fois, il y avait une fête du Seigneur, peut-être l’Épiphanie, et le Père Arsène avec l’Ancien Éphrem allèrent à la veillée dans une église voisine, comme c’est l’habitude. Cependant notre Ancien n’y alla pas. Il était resté pour vaquer à la prière dans la grotte qu’il s’était aménagé. Encore…
« Je me trouvais plongé en moi-même, nous raconta-t-il, et je donnais toute mon attention à la douceur de la prière. Soudain, je fus rempli de lumière. Bien sûr, ce n’était pas comme la lumière du jour que tout le monde peut voir ! Cette lumière augmenta petit à petit jusqu’à ce que tout l’endroit devienne lumière. Alors trois petits enfants de six à huit ans apparurent, si semblables que l’on ne pouvait pas les distinguer l’un de l’autre. Ils étaient si gracieux que leur vue captiva tous mes sens. Je ne ressentais rien d’autre que de l’admiration. Ils se trouvaient à quelques mètres et se dirigeaient vers moi avec le même rythme, avec le même pas, avec le même mouvement. Tous leurs gestes et tous leurs traits étaient comme s’ils n’étaient qu’un, mais ils étaient trois. Ils chantaient très mélodieusement : “Vous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia !” Quand ils furent si près de moi que je pensais les toucher en étendant la main, ils se mirent à reculer en cadence, sans me tourner le dos, tout en chantant la même hymne. À l’Alléluia, ils me bénirent de leurs petites mains, comme fait le prêtre. »
Comme je lui demandai, par curiosité, ce qu’il pensait dans de tels moments, il me dit qu’il n’y a alors ni pensées ni questions, car étant captivé par la contemplation et illuminé par la Grâce divine, l’esprit n’a plus d’activité propre. « La seule chose dont je me souvienne, poursuivit l’Ancien, c’est que j’étais dans un tel état de bonheur que je ressentais quelque chose d’analogue à la parole de Pierre : “Il nous est bon d’être ici” (Mt 17, 4). J’étais étonné : “Comment savent-ils bénir alors qu’ils sont si jeunes ?” Quand ça eut duré autant que la Grâce et la compassion de Dieu l’avaient voulu, la triade des petits disparut en même temps que la lumière. Alors je retrouvai mes esprits et me rendis compte que j’avais dépassé l’heure, car mon réveil sonnait déjà depuis longtemps mais je ne l’avais pas entendu. »
Après cette manifestation, la Grâce de la prière et avec elle son désir d’hésychia s’accrurent. Désormais, rien de terrestre n’occupait plus son esprit, et toutes les fois qu’il devait interrompre la prière de Jésus, le Père Joseph en ressentait une grande contrariété. Cependant les tentations se multiplièrent ; les oppositions et les troubles causés par leur entourage devinrent insupportables. Le choix était simple : ou bien abandonner leur règle et leur mode de vie, ou bien partir dans un lieu conforme au but qu’ils s’étaient fixé.