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LE SAINT ET TRES-GRAND MONASTERE DE VATOPAIDI – GUIDE DU VISITEUR 2

15 Ιουνίου 2009

LE SAINT ET TRES-GRAND MONASTERE DE VATOPAIDI – GUIDE DU VISITEUR 2

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L’histoire du Monastère

Le Très-Grand Monastère de Vatopaidi est bâti au bord de la baie homonyme, à peu près au milieu de la côte Nord-est de la presqu’-île de l’Athos, à une distance de 5 minutes du bord de la mer. Selon la tradition de la Sainte Montagne, le Monastère a été fondé sur les ordres de Constantin 1er le Grand (324-337), rasé par Julien I’ Apostat (361-363), et restauré sur une plus grande échelle par Théodore 1er le Grand (379-395), reconnaissant envers la Sainte Vierge qui avait sauvé d’une noyade certaine son fils Arcadius, au cours d’une tempête, tout près du Mont Athos. Arcadius a été miraculeusement transporté sur le rivage, où les matelots l’ont retrouvé endormi à côté d’un buisson (vatos, en grec). C’est pour cette raison que le Monastère a pris le nom de Vatopaidi, de “vatos” et de “paidi” (enfant). La graphie Vatopédion s’explique aussi : de “vatos” et de “pédion” (plaine).

La même tradition nous ramène au Xème siècle : des pirates arabes ont pillé et incendié le Monastère, égorgeant les moines et emmenant avec eux captif en Crète le diacre desservant l’Autel Savas, dont l’histoire est décrite plus en détail au chapitre consacré à l’icône de la Mère de Dieu dite “la Vimatarissa”.

Le biographe de Saint Athanase l’Athonite (2ème moitié du Xème siècle) parle de trois seigneurs d’Adrinople, Athanase, Nicolas et Antoine, étroitement liés à l’histoire de Vatopaidi. Ces derniers sont venus au Mont Athos, ayant avec eux toute leur fortune, soit 9 000 pièces d’or; leur but était de fonder un Monastère. Saint Athanase les a envoyés au Monastère de Vatopaidi dévasté par les pirates pour le reconstruire. En effet, sur un document de l’année 985 du Prôtos* Thomas on rencontre la signature du moine Nicolas, en qualité d’Higoumène* du Monastère, document qui constitue le témoignage écrit le plus ancien de son existence.

Des documents du Monastère, datés de 999 et de 1002, nous renseignent sur un différend survenu entre le Monastère de Vatopaidi et celui de Philadelphe, ce dernier ayant été érigé tout près du premier, empiétant sur ses limites. Il parait que le Monastère de Philadelphe a été fondé après que le Monastère de Vatopaidi avait été saccagé par les Arabes ; l’Higoumène Nicolas a, par la suite, protesté auprès du Prôtos de la Montagne Sainte Nicéphore, revendiquant la propriété du Monastère de Philadelphe. Dans ces documents il est stipulé que ce dernier appartient au Monastère de Vatopaidi. Ainsi, a été résolu un différend qui, des années durant, avait donné bien des soucis aux deux institutions religieuses.

Depuis, le nombre des moines monte en flèche : dans le Typicon* de Monomaque (1045), le Monastère acquiert la seconde place dans la hiérarchie des Monastères du Mont Athos, une place qu’il détient constamment jusqu’à nos jours. Il obtient également le droit de participer aux Assemblées de Karyès, représenté par son Higoumène et quatre suivants, d’entretenir un couple de bœufs pour les travaux liés à la préparation du pain, ainsi que de posséder un bateau pour ses propres besoins.

Les années passent et le Monastère, acquérant beaucoup de métochia*, commence à s’étendre aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Montagne Sainte. Il annexe assez vite les Monastères de Hiéropator, de Verriotis, de Kaletzi, de Xystro, de Tnpolitis, de Chalkeus et de Trochala, ainsi que les métochia de Prosphonon, de Périthéorion, de Chryssoupolis, d’Aghios Dimitrios à Cassandra, ainsi que deux autres à proximité de Salonique, tous situés hors des limites de la presqu’île athonite. Il attire l’attention des Empereurs byzantins. Constantin IX Monomaque (1042-1055) lui octroie chaque année 80 hyperpyres d’or de la caisse impériale. Durant le règne d’Alexis 1er Comnène (1081-1118), le Monastère perd beaucoup de métochia, à cause des guerres incessantes. En contrepartie, l’Empereur lui cède le Monastère des Saints-Anargyres*, à Drama.

Vers la fin du XIIème siècle deux serbes, Syméon Némanja, ex-prince de Serbie, et son fils Savas, le futur Archevêque et ethnarque de la Serbie, mènent la vie monastique à Vatopaidi. La présence de ces deux saints confère un prestige tout particulier non seulement au Monastère mais à tout le Mont Athos. Saint Savas participe même à des missions officielles à Constantinople en vue de régler des problèmes concernant la Montagne Sainte. Sur sa prière, le Monastère offre aux saints serbes le domaine apicole de Chilandar avec droit sur ses ruches, pour qu’ils puissent y ériger le Monastère serbe homonyme. Le séjour des princes serbes à Vatopaidi, ainsi que la donation qui leur a été faite, restera à jamais dans la mémoire du peuple serbe, et tous les souverains serbes protégeront et aideront le Monastère.

C’est au temps de Saint Savas que le Monastère a atteint son apogée. Il comprend une nombreuse communauté (800 moines) et, grâce au concours des deux saints, étend ses bâtiments et fonde cinq nouvelles chapelles. Avec la fondation du Monastère de Chilandar s’est développée une sorte d’affinité spirituelle entre les deux communautés, à tel point que survit jusqu’à nos jours l’habitude suivante : le 25 mars, jour de l’Annonciation, fête patronale de Vatopaidi, ce sont les représentants de Chilandar qui officient en tête, et le 21 novembre, jour de l’Entrée au Temple de la Sainte Vierge, fête patronale de Chilandar, les représentants de Vatopaidi y font de même à leur tour.

Pendant la période de la domination franque le développement et le progrès du Monastère sont suspendus. La flotte pirate des Catalans saccage et détruit les Monastères, essayant d’extorquer aux moines des aveux à propos d’hypothétiques trésors cachés. Durant ces années difficiles le Monastère a perdu beaucoup d’objets précieux, ainsi que des documents.

Après la tentative manquée de Michel VIII Paléologue (1259-1282) de rétablir l’Union entre Catholiques et Orthodoxes au synode de Lyon (1271), de nouveaux malheurs s’abattent sur le Monastère. D’après la tradition, les partisans de l’Union, à leur retour de Lyon, ont effectué une incursion au Mont Athos, pressant les moines à adopter leurs vues unionistes. Devant le refus de la communauté de Vatopaidi de céder à ces pressions, ils ont lié et jeté à la mer son Higoumène saint Euthyme dans la baie de Kalamitsi, et pendu douze moines. À Karyès ont aussi été exécutés un certain nombre de moines, dont le Prôtos saint Cosmas, moine de Vatopaidi. D’autres Monastères ont subit les mêmes violences.

Très vite pourtant, avec l’aide des Paléologues, le Monastère est redevenu prospère. Andronic II (1282-1328) le considère “parmi les premiers et les plus illustres depuis toujours” et lui vient en aide financièrement, afin qu’il puisse à nouveau se rétablir “à son antique état et prospérité”.

Aux raids des Catalans succèdent ceux des Turcs, ayant comme conséquence la désertion de certains Monastères et le regroupement des ascètes éparpillés de la Montagne Sainte dans les grands Monastères, afin d’échapper aux sévices des Turcs. Le Monastère de Vatopaidi, avec ses hautes murailles et ses neuf tours, constituait un fort inexpugnable et un sûr refuge pour les moines. Et, en premier lieu, gardienne vigilante et protectrice du Monastère, la Mère de Dieu l’a sauvé à maintes reprises, notamment par l’entremise de son icône miraculeuse dite “la Paramythia” (la Consolatrice).

En 1347, l’Empereur Jean VI Cantacuzène (1347-1354), sur la prière des Moines de Vatopaidi, consacre au Monastère de Vatopaidi le Monastère de la Psychossostria (la Salvatrice d’âmes) de Constantinople, afin que puissent y trouver “du repos, un gîte et la sécurité convenable” les moines de Vatopaidi qui devaient séjourner provisoirement dans la capitale. L’Empereur en personne visite le Monastère quelque peu avant 1341, et offre à sa bibliothèque 26 manuscrits richement ornés, ainsi que le fameux épitaphios* brodé d’or. Il fait également ériger, dans l’enceinte du Monastère, la tour de Saint Jean-le-Théologien et, hors de celui-ci, à courte distance, la tour de Kolitsou. L’amour et l’intérêt que portait Cantacuzène à Vatopaidi étaient si grands qu’aux dernières années de sa vie il s’y est retiré et est devenu moine sous le nom de Joasaph. On commémore son nom jusqu’à nos jours parmi les fondateurs du Monastère et, d’après la tradition, il a été enseveli dans le catholicon*. Les pièces se trouvant près de la chapelle de Saint Jean-le-Théologien sont même considérées comme le lieu du séjour de l’Empereur.

En dehors de Cantacuzène, le Monastère a reçu en son sein d’autres souverains comme Andronic Paléologue, despote* de Salonique devenu moine sous le nom d’Acace et le moine Gabriel Paléologue (1432).

En même temps convergent vers le Monastère ou ses alentours de grandes figures ascétiques de l’Église orthodoxe. Parmi eux, à citer le grand mystique de la théologie hésychaste saint Grégoire Palamas avec son maître le vénérable* Nicodème, ainsi que le vénérable Savas, le fol-en-Christ*, dont les biographies ont été écrite par leur disciple saint Philothée Kokkinos, Patriarche de Constantinople, lui aussi moine du Monastère. Nous y rencontrons ultérieurement le vénérable Macaire Makris, par la suite Higoumène du Monastère du Pantocrator à Constantinople (1431), le vénérable Joasaph des Météores – un autre prince Serbe – et, durant les premières années de la domination turque l’ex-Patriarche Œcuménique Gennade Scholarios, hébergé au Monastère pour un certain laps de temps.

Vers 1500, se rend au Monastère un autre Patriarche de Constantinople, saint Niphon avec ses disciples les nouveaux-martyrs saints Macaire et Joasaph. À la même époque se retire à Vatopaidi le très érudit Maxime-le-Grec, saint bien-aimé et grand catéchiste des Russes. D’après un témoignage de saint Maxime, le Monastère suivait alors un régime semi-cénobite, il fonctionnait donc comme une laure*. L’acte le plus ancien de sa transformation en cœnobium, en cette période, date de 1449, sans qu’on sache pour combien de temps il est resté idiorrythmique.